top of page

7 janvier - Dakar, en mode "confort"

Accueillis royalement par Gaëtan & Sarah, nous décantons à travers leurs regards nos premières impressions de l’Afrique. Quel confort d’être pris par la main, guidés sans effort. Trimballés en voiture après trois mois à fouler les infernales rues asiatiques, protégés par leurs habitudes en lieu et place des confrontations quotidiennes avec l’inconnu, nourris de saveurs de chez-nous qui ont encore plus de goût après le manque. Mais, ce mercredi, Cosmose a repris ses droits et nous voilà déjà repartis sur les chemins pour visiter un bout du nord sénégalais, avant de retrouver la famille !

 

Dakar n’est pas la grosse ville que nous imaginions. Plutôt une cité ancienne, copieusement décrépie, endormie sous le soleil et les caresses de l’océan. En commun avec l’Asie et l’Amérique du sud, on y trouve les rues/maisons/véhicules cabossés, les déchets épars, les odeurs vives, les vendeurs de bric-à-brac,… Mais rien à voir avec la frénésie du trafic asiatique et l’énergie de ses foules. Ici, les rues sont pleines de vie, mais le rythme est tranquille et le calme apaisant. Dans les marchés, plus de mobylettes menaçantes ni de bousculades humaines. Les pirogues et les étoffes éclatent de couleurs entre le bleu de l’eau et celui du ciel. Le bois prête ses courbes à de nombreuses statues ou masques. Et sur le macadam, opère le charme des charrettes tirées par des chevaux. Le français retrouvé nous prend au dépourvu au son des infinis « bonjour, ça va ? ça va bien ? ».

 

Nos hôtes nous promènent dans la ville en nous gratifiant de nombreuses infos sur l’histoire, les évolutions contemporaines, la structure urbaine. Dans Dakar, retour des pirogues des pêcheurs, marché de Sandaga, marché artisanal, vue du phare, restos délicieux,… Petit tour magique dans la vie sauvage à la réserve de Bandia, au milieu des rhino, des girafes et des crocodiles. Pic-nic au lac rose, pas rose pour l’occase ! Balade bucolique sur la minuscule île de N’Gor… Nous sommes comblés ! :-) Sans parler des grands débats plus ou moins distingués, des rigolades entre potes qui nous avaient manqué, de l’accueil super généreux. Les p’tits gars, on se revoit sous peu mais, déjà, mille mercis.

Notre petite excursion en solo dans le nord du Sénégal a débuté par une chute de nos sentiments de confort et de sécurité. A peine avions-nous posé le pied hors du 4X4 de nos hôtes que nous prenions l’Afrique en pleine figure. Selon nos références, la gare des « 7 places » (renaud break d’un autre âge pouvant transporter 7 passagers) de Dakar ressemblait à tout sauf à une gare. C’était plus précis que cela en réalité, elle ressemblait à une casse. Des centaines de voitures cabossées, rouillées, démantibulées étaient entassées dans un désordre sans limites. Ces véhicules, tous nés à l’identique, étaient devenus différents de par leur destinée singulière. L’un avait perdu toute sa peinture, l’autre ses rétroviseurs, l’autre encore son pare-brise,… Certains portaient des trous dans la carrosserie, d’autres ne pouvaient plus fermer le coffre. Tous ces engins avaient largement dépassé leur temps de service et auraient du reposer en tas de ferraille…dans une casse. Sauf que dans cette casse-ci, l’énergie était à son comble. Des hommes s’agitaient et courraient en tous sens, investis dans la chasse au client. Des voix criaient sans douceur « où tu vas ? », « viens ici », « c’est ici », « 5000 francs » ! Autour de chaque proie, un attroupement menaçant s’étoffait en un instant, le client happé n’était plus sûr d’avoir le choix. Bref, après un peu d’attente fréquemment interrompue par les propositions des innombrables marchands ambulants, et une course aux WC à nos risques & périls, notre « 7 places » enfin au complet, nous avons pris la route de Saint-Louis.

 

La première capitale de l’Afrique de l’Ouest française est installée sur une toute petite île entre le continent et la langue de Barbarie. Ses rues parfaitement rectilignes sont bordées de maisons colossales à l’architecture française. La petite ville musulmane au nom résolument chrétien ne manque pas de charme. Pourtant, nous sommes un peu surpris par son état de délabrement, seules quelques rares demeures sont rénovées, les rues sont très abîmées, et nombre d’édifices sont tout simplement abandonnés. Comme souvent, les quais sales n’invitent pas à flâner ou à admirer le paysage. Nous ne boudons cependant pas notre plaisir en déambulant dans les ruelles, en dégustant des plats typiques dans de petits restos, en découvrant l’histoire de l’aéropostale à travers le musée Mermoz, en traînant dans une petite librairie remplie de livres sur l’Afrique…

La communication avec la population locale est toute autre, au regard de nos mois asiatiques et sud-américains. Les Sénégalais nous interpellent constamment, parfois tout simplement pour nous souhaiter la bienvenue chez eux. Un tas de guides & vendeurs rivalisent de talent pour nous convaincre de visiter leur petite boutique ou de les engager pour une excursion. La sympathie et l’humour sont de mises, ce qui, associé à une bonne dose de patience, nous permet de nous dépatouiller des pots de colle avec le sourire. Des enfants mendient avec moins de sympathie eux, tandis que d’autres nous offrent gratuitement d’immenses sourires, des petites mains tendues, des blagues ou des « bonjour toubab ».

Nos soirées sont animées de débats investis, car pour la première fois depuis Cosmose, nous ne sommes pas à notre aise. Il y a dans les rues africaines quelque chose de plus « dur » qu’on ne parvient pas à définir. Est-ce que ça tient à l’absence totale de modernité ? A un parfum de « rien à perdre » ? A la problématique des talibés (enfants contraints à mendier par leurs enseignants)? A la pauvreté encore plus profonde ? A la manière de communiquer (le Wolof serait une langue faite d’ordres) ? Ou a des stéréotypes involontairement ancrés derrière nos rétines ?

Nous n’avons pas de réponse mais nous ne nous avouons pas vaincus, nous y reviendrons un jour…

 

Deux heures de pirogue dans le fabuleux parc du Djoudj nous ravissent. Ce parc est le premier point d’eau après la traversée du Sahara, raison pour laquelle il est peuplé de milliers d’oiseaux. Nous avons de la chance, nous sommes dans la période la plus active. Des bancs de pélicans pratiquent la pêche en groupe dans un surprenant ballet de plumes. Des cormorans, dont on ne voit que le cou sortir de l’eau, s’envolent devant nous dans un mouvement d’ailes frénétique. Des hérons serpent, cendré, et tant d’autres espèces sont perchées sur les rives. Parmi ces gracieux voleurs : l’aigrette, le jakana, l’ibis sacré, l’aigle pêcheur, la spatule… sans oublier les crocos, varans et pythons ! Le clou de la visite nous surprend au détour d’un bosquet de mangrove : le nichoir des pélicans. Des milliers de bébés attendent le retour des parents partis à la pêche. Le spectacle est de taille à la vue des longs becs chargés de poissons qui identifient leurs petits dans la masse grâce à leurs cris.

 

2ème tour dans un fameux « 7 places » pour rentrer à Dakar au milieu des rues embouteillées par Maouloud, la fête de la naissance du prophète. Nous voici fin prêts et impatients de retrouver la famille (et le confort qui l’accompagne ;-) !

12 janvier - Voyage à sensation dans les rues africaines...

bottom of page