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9 septembre - La Bolivie, pour le meilleur... et pour le pire!

Nous avons quitté le Pérou vendredi, après avoir humé l’ambiance de Puno et fait un tour sur les îles flottantes Uros plantées sur le lac Titikaka. Des îles artificielles constituées de couches de roseaux empilées et d’une durée de vie de 60 ans, initialement fabriquées par les peuplades Uros pour échapper à l’Empire Inka. Bon… un jour, ça a du être un phénomène interpellant, mais aujourd’hui dans le genre « on balade les touristes », c’est fameux !

 

Arrivés donc à la frontière bolivienne, nous sommes tous descendus du bus avec un formulaire d’immigration et notre passeport à la main, serinés d'instructions précises : 1. Changer de l’argent 2. Passer à la police judiciaire péruvienne 3. Passer au bureau d’immigration péruvien 4. Passer au bureau d’immigration bolivien 5. Remonter dans le bus. Chef, oui chef ! Au pas les uns derrière les autres, dans ce no man’s land un peu surréaliste, la pensée qu’ici, quelque chose doit coincer, nous a effleuré l’esprit. Mais ça c'est dans les films! Dans Cosmose, quand le préposé à l’immigration bolivien nous a rendus nos passeports et nos 30 jours de liberté sur le territoire, j’aurais juré apercevoir un sourire ! Bolivie, nous voici !

 

Mais nos premiers jours en Bolivie furent marqués par autant de moments magiques que de moments qui font grincer les dents !!

 

Attention : coup de gueule ! En arrivant à Copacabana, on n’était déjà pas très fiers, cassés par une fatigue accumulée pour cause de logements sommaires et d’altitude, et par nos nez/oreilles bouchés - gorges enflées - têtes pressées dus aux écarts de température et aux chambres glaciales. Dans le bus, on s’était bien dit « faudrait qu’on vérifie toutes les infos de base liées à la Bolivie » mais, faute d’énergie, la bonne intention était restée au stade d’idée. On a donc raté notre bateau pour l’Isla del Sol parce qu’en réalité, entre le Pérou et la Bolivie, il y a un décalage horaire. Et merde ! On a alors payé 3 fois le prix pour affréter un bateau « privé ». Bien sûr, personne ne nous aurait précisé l’info, on suppose que ça met du beurre dans les épinards.

Sur l’île, on a frôlé l’infarctus en attaquant une grimpette costaude à 4000m d’altitude avec nos sacs de 15kg derrière et 5kg devant pour chercher l’hôtel, dont la tenancière n’a pas jugé utile de nous prévenir qu'il était peu accessible quand on est chargés… Accueillis par une fillette de 14 ans, on demande une chambre «con bano compartido» pour économiser des bolivianos. Elle a perdu la clé bien sûr et me propose une chambre plus chère. Jusqu’à ce que je fasse mine de partir et qu’elle la retrouve. Une chambre des plus sommaires qu’on paie beaucoup trop cher après comparaison, en plus d’y dormir très mal. Repartis de l’île sur un bateau surchargé, serrés comme des sardines dans des conditions de sécurité douteuses, le tout pour faire un max de fric, on va acheter nos billets de bus Copacabana-La Paz. On paie pour un bus touristique (= confort, sièges inclinables, wc, ceinture de sécurité, 2 chauffeurs, mochilas dans la soute…) et on nous bazarde dans un bus local (= le contraire). Impossible de récupérer notre argent ni de faire entendre raison à la vendeuse. « C’est la même chose senorita ! » me répète-t-elle avec conviction. Après 4h30 de cahots, on nous débarque à La Paz, pas du tout à l’endroit prévu bien évidemment. On se débrouille pour trouver le terminal des bus où on arrive tout doucement à noyer notre colère dans la fatigue. On achète un billet pour un bus touristique La Paz-Sucre. Comme le trajet dure 13h, on paie plus cher pour avoir des sièges inclinables et des toilettes. Installés dans le bus, on se rend compte que les toilettes sont fermées. Devant ma plainte d’avoir payé pour un service qui n’est pas fourni, le chauffeur me rembarre complètement me disant qu’on fera une pause… dans 6h ! Il redémarre ensuite sans que je sois dans le bus. Bref, grrrr…

 

Mais ! Bien sûr, ce qui compte, c'est le meilleur ;-). Depuis le passage de la frontière, on a papoté avec plusieurs locaux qui nous ont posé des questions sur notre pays et nous ont raconté le leur. Les voyageurs eux-mêmes semblent avoir changé d’humeur. En résultent des échanges sympas avec des américains, des irlandaises, une autrichienne, une française… 

Aujourd’hui, une vendeuse bolivienne m’a harcelée de questions sur ma vie, sans être rebutée par mon espagnol approximatif, et m’a proposé qu’on fasse une sortie ensemble. Plus de contacts en 3 jours en Bolivie qu’en 1 mois au Pérou !

L’isla del Sol au charme et au calme enchanteurs, espace sans autre moyen de transport que les ânes, nous a offert une journée splendide. Petit déjeuner pancake-banane-chocolat au soleil avec vue sur le lac Titikaka, promenade aux côtés d’un chien bolivien affectueux, coincés sur une crique balade improvisée fabuleuse en barque pour retrouver le port, diner avec vue sur les bateaux qui ramènent les habitants de l’île et leurs chargements, coucher de soleil inoubliable sur le lac, filet mignon délicieux aux chandelles dans une cabane au fond des bois, retour à la lampe de poche avec des irlandaises enjouées !

Arrivés à Sucre, jolie rencontre avec une dame d’une soixantaine d’année qui voyage seule pendant 5 mois et trouve notre prologue à Compostelle très intéressant. Et puis, (merci Liliane et Tony) débarquement bienheureux dans un hôtel super confort pour y fêter l’anniversaire d’Alexou dès demain ! A noter que, redescendus à 2700m dans une ville jolie, harmonieuse et moins polluée, on respire mieux !

On est donc crevés, pas très fans de la mentalité bolivienne pour le moment, mais pressés de passer une bonne nuit et de redevenir ouverts et tolérants dès demain;-)!

Avant tout, clôturons les derniers préparatifs pour qu’Alexou fête dignement ses 31 ans à Sucre !!

 

Merci d’avoir supporté nos mouvements d’humeur ;-). On espère que tout roule chez vous. Que les vacanciers sont satisfaits, les travailleurs pleins d’énergie, les enfants studieux et créatifs ;-) !

On vous envoie plein de pensées… et je vous laisse avec la savoureuse rubrique d’Alex : le Cosmosien s’étonne...

Derniers jours au Pérou

Premiers jours en Bolivie

Le Cosmosien s'étonne...

Si l’on exclu les merveilles architecturales, les sites archéologiques grandioses et l’Histoire associée aux pays visités, l’une des richesses du Voyage est la découverte de l’autre. L’autre dans ses différences, ses croyances et sa vie quotidienne. Bien entendu, pour que ces observations prennent sens, il faut essayer d’ôter nos aprioris et nos réflexes occidentaux. Ce qui, il faut bien l’avouer, n’est pas toujours chose aisée. Cependant, si l’on arrive à faire sauter ces barrières, cette fameuse découverte de l’autre se fera sans jugement, avec une saine curiosité permettant parfois de nous remettre nous, « occidentaux rois du monde », face à nos incohérences et de revenir à une simplicité qui nous manque cruellement. Enfin bref, loin de moi l’envie d’ouvrir un débat sociologique profond. Il s’agit simplement d’introduire un petit condensé de choses qui nous ont étonnés, amusés voire « choqués » depuis notre arrivée au Pérou.

 

Des métiers inattendus

Dans la catégorie métier qui mériterait peut-être de voir le jour dans nos belles contrées, il y a le « peseur public ». Pour 5 centimes (d’euro), vous pouvez vous faire peser dans la rue. Nous n’avons pas encore essayé mais nous n’avons pu empêcher de largement sourire la première fois que nous avons vu quelqu’un proposer ce singulier service. A proposer à la sortie de nos chers fast-foods… Citons également le « crieur incompréhensible » qui, voulant indiquer la destination de son collectivo, répète en hurlant un imbroglio de syllabes inextricables !

A noter que des « crieurs » sont également légion dans les terminaux de bus. Chaque ville ou destination possède sa propre mélodie et son rythme. Pour la ville de Puno par exemple, il ne faut en aucun cas répéter plus de trois fois la destination et le rythme se doit d’être assez rapide… Pour Cusco, deux fois suffisent avec, sur le deuxième « Cusco » en léger ralentissement et un accent tonique imaginaire sur le dernier « O ». Tout cela se complique bien entendu lorsque le nom de la ville est Ollantaytambo. Même eux n’ont pas trouvé la solution.

 

Des transports tous terrains

Les transports locaux font aussi partie des expériences à vivre lorsque l’on voyage. Cela permet de partager, un peu, le quotidien des gens et de vivre, parfois, des situations marrantes comme lorsque l’on se demande où ils ont bien pu cacher la chèvre dont l’odeur emplit le bus ou lorsque la panique se lit sur nos visages car le chauffeur, d’une main experte, jette nos sacs sur le toit sans les arrimer (« heu, nos sacs, ce sont nos maisons pour un an donc il faudrait peut-être les attacher un peu pour éviter qu’au premier coup de frein on les voie passer devant nous non ? »…). Ces bus, remplis à faire peur au premier contrôleur de la STIB, ont quand même le gros avantage d’être très abordables. Nous allons donc, dans la mesure du possible, et même si parfois les chauffeurs pensent que doubler en montée dans un tournant est une excellente idée, continuer à les prendre. Voir rentrer chez eux de petits écoliers tout en uniforme, de petites dames habillées en costumes typiques leurs enfants accrochés sur leur dos, de vieux paysans à la peau tannée, n’a pas de prix.

 

Parlant de ces transports publics, me revient à l’esprit notre toute première expérience en « collectivos ». Nous avions décidé de nous rendre à Pisac de façon à visiter ses merveilleuses ruines tout en nous rapprochant sensiblement du Machu Picchu. Nous n’étions pas partis depuis 20 minutes que, dans une longue montée, un bruit d’explosion nous fait sursauter. Le bus s’arrête. Le chauffeur descend et constate que l’un des pneus à éclaté. Le chauffeur remonte. Et on redémarre. C’est vrai que, finalement, pourquoi s’en faire pour un simple pneu inutilisable. Surtout quand nous avons encore une heure de route montagneuse devant nous. Nous sommes trop stressés dans nos contrées…

Et pas plus tard qu’hier, dans ce colectivo qu’on a payé comme un bus touristique, Anne voit arriver sur sa gauche un van. Notre bus ne freine pas, le van, qui va nous couper la route, non plus. Jusque là, rien n’habituel. Sauf que là, notre bus percute le van (sans conséquence aucune pour nous les mamans ;-) dans un joli froissement de tôle! On s’arrêterait pour constater les dégats ? Ben non pourquoi ?

 

Des traditions culinaires appétissantes

Côté cuisine, les premiers plats typiques ont largement recueillis nos suffrages (Ceviche, Alpaga). Ce n’est malheureusement plus tout à fait le cas. Sans très bien savoir pourquoi, l’un des plats nationaux est le « Cuy al Horno ». Nous n’y gouterons probablement pas. Bien entendu, pour que vous puissiez partager notre avis, il vous faudrait savoir ce qu’est le « Cuy ». Et bien c’est simplement un adorable cochon d’Inde. Visiblement, le sommet du bon goût consiste à choisir soi-même son petit « hamster » vivant dans un parc prévu à cet effet. Ceux qui le désirent peuvent même assister à sa mise à mort. Nous ne maîtrisons pas tous les secrets de préparation donc nous ne pourrons pas vous expliquer ni comment ils le cuisent, ni comment ils le présentent (avec ou sans la tête)… Et, dans un sens, c’est bien dommage. Mais nous n’avons ni le cœur ni l’envie d’expérimenter ce plat.

 

La vente de produits étranges, surtout sur les marchés locaux, nous a également réservé quelques surprises. Je ne reviendrai pas sur ces pauvres cochons d’Inde qui s’y retrouvent par dizaines. Ni sur les fameux vêtements « homemade » en véritable laine d’Alpaga qui se retrouvent dans absolument tous les points de vente possible et imaginable. Nous avons croisé des crapauds vivant dans des bassines. Nous ne pouvons malheureusement que conjecturer sur le sort qui leur est réservé. Récemment, nous avons gouté la Mozzarella locale. Aucun goût mais le plus étonnant est de lire les ingrédients qui la composent… Cette Mozzarella est donc réalisée à base d’Edam, de Chedar et de « Muzzarella ». Ce dernier ingrédient est pour nous un mystère.

 

Des enfants "à tout faire"

Le tourisme quant à lui est affaire de famille dans ces charmantes contrées. Le père et la mère ayant choisi cette lucrative voie (encore que cette assertion mériterait à elle seule un chapitre particulier tant le nombre d’hôtels et de restaurants nous semble démesuré. On se demande qui parvient à réellement en vivre et comment) travaillent durement. Et leurs enfants, parfois nombreux, aussi. Nous sommes donc souvent accueillis par de jeunes enfants dans les hôtels et les restaurants.

Pire, il est assez étonnant de voir un enfant de 3 ans s’époumoner sur le bord de la route de façon à nous faire utiliser les toilettes gérées par ses parents lors de la pause toilettes du bus nous amenant à Sucre… Surtout à 2h du matin…

 

Des codes sociaux alambiqués

Comme expliqué au début de ce texte, la découverte d’une culture nouvelle et de ses habitants doit se faire en se détachant de ses aprioris. Gardant cela bien à l’esprit, il nous est arrivé une petite aventure plutôt comique qui nous laisse encore légèrement pantois. Lors d’une agréable visite d’un site Incas, nous sommes tombés sur deux couples de jeunes sud-américains se prenant en photo dans un labyrinthe vieux de 500 ans. Nous jouions au même jeu donc cela ne nous a pas étonné. Tout comme le fait qu’ils nous aient poliment demandé de les prendre en photo perchés qu’ils étaient sur leur rocher. Ce que nous nous sommes empressés de faire. Là où l’histoire prend une tournure plus marrante c’est lorsqu’ils nous ont demandé si nous voulions bien poser avec eux sur ce fameux rocher. Notre étonnement passé, et après avoir vérifié que nous avions bien compris leur étrange requête, nous nous installons auprès d’eux pour une séance photo qui restera dans nos mémoires comme un étrange moment passé avec de parfaits inconnus mais dont le résultat fait plutôt penser que nous avons posé avec nos meilleurs amis. Vous pouvez d’ailleurs voir le cliché plus haut… Les rapports humains sont donc bien différents d’une partie du monde à l’autre et je vous assure que, en temps normal, jamais je ne me serais prêté au jeu d’une séance photo de ce genre avec d’illustres inconnus. Laisser ses aprioris de côté…

 

Des bêtes féroces !

De retour de cette visite pimentée par cette étrange séance photo, nous sommes littéralement tombés dans un guet-apens canin. Nous déambulions dans les rues situées sur les hauteurs de Cusco, cherchant à rejoindre notre hôtel lorsque, dans une étroite ruelle,  4 chiens surgirent devant nous en aboyant et en grognant. Nous n’avions jusqu’alors pas eu de souci avec les quadrupèdes poilus péruviens habituellement zen, donc nous ne nous sommes pas tout de suite inquiétés. Cette sérénité a pourtant rapidement disparu lorsque ces sales bêtes nous ont encerclés en aboyant comme des enragés, et en donnant des coups de dent en direction de nos mollets. Malgré notre courage et notre expérience des chiens en liberté parfois hargneux (voir chemin de Saint-Jacques où il n’est pas rare de tomber dans ce même genre de piège), nous avons rapidement rebroussé chemin priant que nos mollets s’en sortent indemnes… Ou les moins abimés possibles. L’intervention d’une vieille dame et de son bâton nous a permis de prendre nos jambes à notre cou et de nous en sortir avec une simple, mais réelle, grosse frayeur.  Quelques jours plus tard, à Puno, on manquait de se faire piétiner par un troupeau de moutons, si si…

 

Sans trop en rajouter, et pour conclure ce petit chapitre, sachez que ni en Bolivie, ni au Pérou, il n’est « autorisé » de jeter le papier toilette usagé dans la cuvette. Le système d’évacuation des eaux usées ne doit pas être optimal. Heureusement que nous ne sommes pas des princesses finalement… Quoique…

15 septembre - A la découverte du Salar d'Uyuni !

Un peu malgré nous, on s'apprête à passer 3 jours dans un 4X4, soumis au bon vouloir d'une agence locale, au milieu d'une horde d'autres 4X4 touristiques... Mais puisque c'est la seule voie vers le Salar d'Uyuni et le Sud-Lipez, c'est parti! C'est parti pour le désert de sel, les lagunes, les flamands roses, et même des geysers (l'occasion de voir si mes animatrices Patro avaient bien choisi mon quali ;-). Des heures de cahot collés contre des inconnus, des repas de fortune dans le désert et même une nuit dans un refuge sans chauffage à 4200m d'altitude! Si si on est contents ;-). On a acheté des bonnets, des gants, des lunettes de soleil, des litres d'eau, du papier toilette... on est parés ;-). Le 4X4 nous dépose à la frontière chilienne ce mercredi! On vous raconte cette nouvelle aventure, la douceur de Sucre et l'histoire passionnante de Potosi, quand on sera posés à San Pedro de Atacama!

 

Merci encore pour vos nouvelles et votre enthousiasme à suivre nos petites aventures! On espère que tout va bien chez vous.

 

Les photos du Pérou sont en ligne pour les amateurs d'images

et pour la sauvegarde de Liliane (merci ;-)!

23 septembre - Quelques jours dans le désert...

Chers vous tous,
 
Les images parlent d’elles-mêmes, le désert bolivien a instantanément vaincu toutes nos réticences ! Pour ceux qui aiment les mots : le récit de notre expédition.
 
Lundi matin, 10h30. Uyuni, décor de film au milieu du désert. Temps ensoleillé, vent frais. Assis sur un banc, notre « maison » entassée dans nos sac à dos à nos côtés. On observe avec curiosité les 4X4 qui défilent et les autres voyageurs qui attendent. L’enthousiasme n’est pas au rendez-vous. Trois jours « coincés » dans un tour organisé, ce n’est pas notre milieu de prédilection.
 
11h. Soleil, vent frais et puissant. Difficile d’ouvrir les portières du 4X4 qui nous débarque dans un « cimenterio ». Je m’attends à des tombes incas, des ruines archéologiques. Rien à voir, ici reposent en paix des locomotives au charbon et leurs wagons. Aujourd’hui, remplacés dans le monde réel par des machines carburant au mazout. Squelettes métalliques décharnés par le temps, le vent, les artistes tagueurs. Presqu’un décor surréaliste, des rails qui s’arrêtent brusquement, des locomotives dans un angle inhabituel, des échangeurs isolés de leurs prolongements.
 
12h. Une surface blanche, mais pas aussi blanche qu’on l’imagine, fait grésiller les roues de notre 4X4. Arrêt dans un paysage étonnant. De petites pyramides de sel sèchent au soleil avant d’être chargées dans des camions direction Uyuni. Le sel du salar est exploité pour la Bolivie entière, mais il n’est pas exporté.
 
14h. La isla Huanaci. Je ne savais pas qu’on appelait « île » une part de terre qui n’est pas entourée d’eau. Juan, notre chauffeur-guide, nous encourage à faire une courte balade  avant de repartir. Le vent nous surprend par sa violence qui nous est inconnue. Nous devons mesurer nos pas pour ne pas être déséquilibrés. L’île est peuplée de cactus longilignes à la verticale, qui grandissent d’1 cm par an. Plus on grimpe, plus le paysage est infini, plus le vent est puissant. Autour de nous, une étendue blanche parfaitement plane qui ne trouve de limites qu’à l’ombre des montagnes lointaines. La vue est plus étrange, plus curieuse que belle.
 
15h30. Le vent, chargé de sel, vient claquer sa solitude et sa colère contre les vitres du 4X4. De temps en temps, l’espace de quelques secondes, le paysage disparait, caché derrière un rideau blanc. Mais la conduite est smooth, Juan est prudent, les pistes sont régulières.
 
16h. Séance photo dans le grand rien, le vide immense. Juste notre 4X4 et le vent, toujours lui qui envole nos écharpes, coupe nos respirations, coince des poussières de sel dans nos yeux. L’immensité vous offre cette impression de puissance dans le même instant où elle vous rappelle votre petitesse.
 
17h. Des boissons chaudes réchauffent le cœur dans un « hôtel » à la bolivienne, dont les quelques murs de sel sont aussi résistants que la brique.
 
Mardi, 8h. Le Salar cède la place au Sud-lipez. On traverse des km de désert aux paysages changeants dans les angles des montagnes et les couleurs de la terre. On s’arrête le long d’une voie ferrée, rencontre entre la puissance de la nature et celle de l’humanité. L’espace est infini, comme ces rails dont on n’aperçoit pas la fin, nous sommes de minuscules pantins contre l’immensité. 
 
9h30. La pierre volcanique a dessiné d’étranges reliefs creusés ensuite par la force du vent. Comme la croûte d’un gâteau géant qui a craquelé sous la chaleur. Face à nous, un volcan laisse s’échapper quelques volutes de fumée. 
 
10h. Première lagune au milieu du désert. Des plaques de glace couvrent sa surface. Là où l’eau est à l’état liquide, des flamands roses se régalent d’un festin à base d’algues. Leur vol est à la fois lourd et gracieux. On se demande comment le vent si fort, ne casse pas leurs pattes, si frêles. Et là où la lagune n’est ni d’eau ni de glace, elle est blanche. L’acide borique, nous dit Juan.
 
11h. Dîner pic-nic en plein air. On est heureusement un peu épargnés par le vent qui aurait la force et l’impertinence de nous balancer nos assiettes en pleine figure.
 
12h30. La montagne aux sept couleurs est fabuleuse. Ses courbes, ses lignes et ses teintes sont plus belles que n’importe quel tableau. Mais on monte en altitude et la température s’en ressent. Les aventuriers du désert ne résistent plus au vent intense et glacé que le temps d’une ou deux photos, et puis s’en vont.
 
14h. El arbol del piedra, pierre volcanique sculptée par le vent, trône en plein désert, élégante, incongrue, inattendue.
 
15h. La dernière lagune du jour nous offre au regard une eau d’un rouge profond chatouillée par le vent. Les ailes des flamands sont plus colorées elles aussi. Et derrière, un cirque de montagnes majestueuses achève de donner magie à cette œuvre majeure de la Pachamama.
 
15h30. Un troupeau de vigognes, élégantes et harmonieuses, hésite entre paralysie et fuite devant notre 4X4.
 
18h. Le souper sera servi dans 1h, mais nous on est en phase « congélation » perchés dans un refuge rustique (pas dans le bon sens du terme) à 4315m d’altitude. Seule solution : empiler tous ses vêtements sur son dos et se réfugier sous la couette !
 
Mercredi, 4h30. Les réveils se déchaînent dans la chambre-dortoir aux superbes couettes léopard. Les mots sont les mêmes dans toutes les bouches : « j’ai froid, je suis crevé ! ».
 
5h30. Dans le 4X4, Alex est en passe de perdre ses doigts. Juan rigole bien en voyant les pauvres gringos grelotter.
 
6h30. Le soleil se lève sur un phénomène que je rêve de découvrir depuis le jour où mes animatrices patro m’ont donné ce qualificatif. Alex veille à m’empêcher de trop approcher ces cratères bouillants dans l’espoir de faire face à mon alter ego. Les nuages de vapeur brûlante, s’élancent inlassablement, venus du fond de la terre. Rejoignant le soleil qui émerge dans un flou artistique hypnotisant.
 
7h. Quelques impétueux challengers font trempette dans un bassin alimenté par une source d’eau chaude au milieu d’un paysage grandiose baigné par les rayons du soleil naissant. A la sortie, choc thermique d’environ 50°, il leur faut moins d’une minute pour se rhabiller. Nous, peu téméraires, on regarde et on rigole.
 
7h30. La neige, dont on essaie de deviner l’âge (c’est une région aride), est striée par le vent avec une régularité presqu’impossible. Comme si on l’avait « découpée ». Les aventuriers n’ont même plus le courage de sortir du 4X4 tant quelques secondes suffisent à vous faire oublier doigts et orteils.
 
8h30. D’une montagne à l’autre, la végétation, les roches changent. On traverse le « désert de Dali » aux découpes de pierre surréalistes.
 
9h30. Le 4X4 nous abandonne à la « frontière » bolivienne, autant dire juste un morceau de désert avec une petite cahute affichant « migracion ». Direction San Pedro de Atacama, Chile, pour le repos et un peu plus de chaleur.
 
Merci à Blandine, Stéphane, Roxane et Ricardo pour ces 3 jours de aventura en el desierto boliviano ! Merci pour les histoires de pharmacie (c’est une question de dosage), les partages d’expériences personnelles (vivent les narcotrafiquants), les focus sur la culture populaire (est-ce que Gérard des filles d’à côté était vraiment gay ?), les ragots de cabine d’essayage (qui est la @$*# qui est venue travailler en vélo ce matin ?), la musica de Ricardo (Feliz Navidad !), les réveils décalés (qué pasa ? nos vamos ?), la solidarité contre le froid et le vent, … ;-)  Au plaisir de vous avoir rencontrés dans des circonstances inoubliables, bon vent à vous 4 !

 

Retour sur Potosi

Potosi, en quelques mots. Retour au froid et à la haute altitude (Potosi = ville de plus de 100 000 habitants la plus haute du monde, 4090m). Grr, Alex a l’œil mauvais, on aurait du rester à Sucre ! ;-) Mais Potosi possède une histoire richissime dans tous les sens du terme. C’est ici que les conquistadors ont découvert une montagne remplie de filaments d’argent ! Oh les Incas la connaissaient bien, mais alertés par des explosions (dans cette région volcanique), ils avaient interprété que la Pachamama (terre-mère) ne voulait pas qu’ils y touchent. (Potosi = explosion en Quechua.) Tout bénef pour les envahisseurs qui ont pillé la région en réduisant les indigènes à l’esclavage. A l’époque, Potosi était une ville aussi grande que Paris ! C’est la seule ville d’Amérique du Sud qui ait reçu le titre de ville impériale. Bref, un sacré chapitre de l’histoire où l’Europe s’en est encore mit plein les poches impunément. On fait l’impasse sur la visite des mines, toujours exploitées actuellement dans des conditions archaïques. Mais on se régale d’histoire à la Casa de la Moneda où Carmen nous raconte l’histoire de l’argent, de la monnaie, de la technique de frappe à travers les siècles. C’est d’ici que viennent les expressions « c’est pas le Pérou » ou « ça ne vaut pas Potosi ».

 

Envoyez-nous des nouvelles de vos vies ! On pense à vous et on vous dit à bientôt avec Alex qui reviendra sur notre séjour dans la belle ville de Sucre et une nouvelle édition de la rubrique "le Cosmosien s'étonne"


 

13 septembre - Retour sur la douceur de Sucre
 
Notre arrivée à Sucre fût assez inconfortable. Passer une nuit dans un bus sans possibilité de se rendre aux toilettes a grandement affecté la qualité de notre voyage. Il est déjà illusoire d’espérer pouvoir correctement se reposer dans un bus vu le confort sommaire de ce moyen de transport mais s’il faut rajouter l’élément « se tortiller dans tous les sens parce qu’on a eu la mauvaise idée de boire beaucoup avant de partir (altitude oblige) », voyager pendant 15h n’est pas une partie de plaisir. Heureusement, une pause était organisée à la moitié du voyage. Ouf. Nous avons pu sortir du bus en pleine nuit, par -10, tout ensommeillés, pour aller nous libérer. Notons ici que cet arrêt a réussi à nous faire regretter la grande qualité de nos aires d’autoroutes… Propreté comprise. Je n’aurais jamais imaginé ça…
 
Nous sommes donc arrivés à Sucre au petit matin, dans un état de fatigue assez avancé. Rejoindre notre hôtel et nous coucher constituait notre principal objectif. D’autant que le confort de cet hôtel était normalement assuré car, mon anniversaire approchant, nous avions décidé d’en choisir un avec un standing plus « européen ». Et nous n’avons pas été déçus. Même si notre chambre n’était pas encore prête, nous avons pu profiter d’un vrai moment de confort en prenant un petit-déjeuner royal dans le restaurant de l’hôtel. Crêpes, cakes au caramel, yogourt au miel, salade de fruits, café et thé… Avec comme fond sonore une douce musique classique. Pas de doute, mon anniversaire allait bien se passer dans cet hôtel. La fatigue s’est rapidement dissipée, nous n’avons même pas pris le temps de nous reposer. Profitant de la position centrale de l’hôtel, à deux pas de la Plaza de Armas, nous avons été faire un premier repérage de la ville.
 
Elle ne ressemblait à aucune des villes que nous avions déjà croisées. La blancheur immaculée des bâtiments coloniaux, le calme étonnant des nombreuses rues et ruelles du centre ville, la douceur du climat. L’atmosphère générale de la ville nous a directement conquis. C’est une ville hors du temps. Voire hors de l’espace tant elle dénote des villes sud-américaines rencontrées jusqu’alors. Où donc était passée la cohue généralisée rencontrée dans les différentes villes de notre escapade en terre inca ? Nous n’en avions pas la moindre idée et cette question est vite apparue superflue car nous nous contentions de simplement profiter de cet étonnant havre de paix perdu au milieu des Andes.
 
La « Plaza de Armas » noyée sous un doux soleil. La « Casa de la Libertad » retraçant l’histoire parfois sanglante de l’indépendance du pays. Le Parc Bolivar, vert et calme, avec, en son centre, une reproduction miniature de la Tour Eiffel dont nous avons « courageusement » gravis les marches. Le « Mercado » et ses couleurs bleues dans lequel nous avons particulièrement aimé déambuler. Et l’hôtel… La chambre, grande et confortable. La salle de bain avec eau chaude et baignoire. De nombreuses terrasses sur les toits donnant sur la petite cours intérieure. Y boire un verre et profiter des rayons du soleil avec une vue sur les toits de la ville était particulièrement agréable. Les copieux et délicieux petits-déjeuners. Et même pouvoir profiter, l’instant d’une soirée, du service en chambre avec un repas servi directement sur notre lit. Divin et royal hôtel particulièrement bien choisi pour fêter mon anniversaire.
 
Petit encart pour expliquer qu’entre les discussions, improvisées ou organisées, avec ma famille, le toujours succulent petit-déjeuner (désolé d’insister), les petites activités et surprises de Anne (massage, UNO et friandises), les deux restaurants que nous nous sommes offerts et les nombreux messages reçus de votre part, cette journée d’anniversaire fût une grande réussite. Et puis, maintenant je peux me vanter d’avoir fêté mon anniversaire en terre bolivienne… Si ça c’est pas la classe…
 
Nous sommes donc restés quatre jours à Sucre. Plus longtemps qu’initialement prévu mais la douceur de vivre et le climat rencontrés nous ont facilement convaincu qu’il s’agissait d’une étape idéale pour nous reposer dans un endroit confortable où même le soir nous n’étions plus obligés de porter tous nos vêtements pour espérer ne pas mourir de froid. Et puis, au vu de la suite du programme (Salar de Uyuni, Potosi, Sud-Lipez), nous savions que nous retrouverions bientôt ce fameux froid andin et des conditions autrement plus rudimentaires (ce qui s’est rapidement vérifié). Il nous semblait donc important de recharger nos batteries du mieux possible avant de nous replonger dans les réalités de notre voyage !

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