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Au Laos depuis deux semaines, nous profitons de ce qui semble être le mot d’ordre local : calme et sérénité. Nous sommes très heureux d’avoir choisi de passer par la Chine avant le Laos. Effectuer le trajet inverse aurait sans doute été plus difficile à vivre tant les différences entre ces deux pays et ces deux cultures sont sensibles.

 

Après deux jours de voyage (dont une nuit en bus à couchettes chinois – expérience étrange – et un passage de frontière à pied), nous arrivons à Luang Namtha fatigués mais heureux d’arriver dans notre 8ème pays. Nous trouvons facilement un hôtel peu cher et y sommes accueillis, ô bonheur, en anglais intelligible. Ces quelques jours passés dans cette petite ville nous auront permis de découvrir, en moto, les nombreux petits villages alentours magnifiques d’authenticité. Le temps semble y couler selon un rythme qui n’appartient qu’à eux et ils ne paraissent pas encore trop touchés par les « progrès » de la modernisation. Résultat d’une politique menée par les autorités visant à préserver les villages et la nature environnante. Ceci pour notre plus grand plaisir. Nous avons également visité Muang Sing, situé à 50 km plus au sud. La balade en mobylette pour y arriver fût un bonheur car les routes sont pratiquement vides de circulation et la nature, luxuriante, est partout autour de nous. Magnifique.

 

Nous sommes maintenant à Luang Prabang qui, malgré son statut de seconde ville du pays (et de capitale religieuse), ne compte que 70 000 habitants. Le calme y règne aussi et seuls les touristes occidentaux, nombreux, sont bruyants. Nous avons visité de nombreux « vat » (temples et écoles bouddhistes), vogué sur l’impressionnant Mékong, admiré des chutes d’eau dans un cadre naturel encore une fois époustouflant, découvert des grottes sacrées… Luang Prabang est une ville où nature et urbanisme cohabitent harmonieusement et il est très agréable de simplement déambuler dans les nombreuses rues et ruelles au coin desquelles se cachent parfois de magnifiques demeures. Les gens sont adorables et souriants et nous ne sommes pas assaillis par des vendeurs ambulants à tous les coins de rues. Demain, nous reprenons la route vers l'est, pour découvrir de nouveaux horizons laos et nous approcher du Vietnam pour la suite de nos aventures cosmosiennes !

 

Je vous laisse avec Anne pour l'illustration de nos aventures laotiennes en photos-légendes...

25 novembre - Sous les charmes des tropiques...

Luang Namtha, dans la machine à remonter le temps ?

Luang Prabang, bercés par le rythme du Mékong...

1er décembre - Sur les routes du Laos & de son histoire

26 novembre
A l'aube, deux ombres chargées quittent la douce torpeur de Luang Prabang…L’air vivifiant du tuc-tuc nous emmène dans l’une de ces gares laotiennes toutes conçues à l'identique. Nos yeux désormais aguerris repèrent un panneau de plastique posé sur un pare-brise : Phonsavan. Nos maisons ambulantes embarquées, le bus s’élance sur les pistes laotiennes. Direction l’est du Laos, la plaine des jarres, la terre des bombes…
Le chauffeur et ses deux « assistants » sont des rigolos. Ils devaient aussi rigoler pendant qu’on leur apprenait à conduire… En clair, on atteint 5km/h en première dans les montées, et on dévalle les descentes au point mort à toute allure. Dans ces petites routes de montagnes sinueuses et cabossées traversant des villages animés, arrimés à nos sièges, on craint surtout d’embarquer sous nos roues, un poulet, un chien,… un enfant ! Brrr. Mais notre étoile Cosmose veille. On débarque entiers à Phonsavan. 1200m, retour de la fraîcheur. Priorité, où dormir ? 5€ pour une petite cabane défraîchie ? Ca nous va très bien. Charme contre confort, c’est déjà ça. Comment ça des rats ?!

27 novembre

Côte à côte dans la rue principale de Phonsavan, le Mines Advisory Group et le centre des survivants des UXO (unexploded ordnance) exposent la réalité des laotiens de l’est qui vivent quotidiennement au milieu de milliers de bombes non-explosées…

Rewind. En 62, le Laos, tiraillé entre les communistes et la droite, a fini (malgré de lourdes pressions américaines anti-communistes) par créer une coalition neutraliste faisant cohabiter les différents partis au gouvernement. Les accords de Genève entérinent la neutralité du Laos y interdisant toute présence militaire étrangère.

Pourtant, le Nord-Vietnam communiste choisit d’utiliser la piste Ho-Chi-Minh (en territoire lao) pour progresser vers le sud. Ce à quoi, dès 64, les Américains répondent par dix années de bombardement ultra intensifs. Cette guerre au Laos est illégale et donc dite « secrète ». Dans les années 60, le général américain, Curtis Lemay a déclaré : « Nous allons les bombarder suffisamment pour les ramener à l’âge de pierre… »

Les 2 millions de tonnes de bombes déversées sur l’est du Laos touchent autant les civils que les résistants communistes. Pire, les affreuses bombes appelées « clusters » étaient manifestement conçues pour tuer des civils. Et, peut-on faire pire, 1/3 de ces explosifs n’ont pas libéré leur charge donc… continuent à tuer des villageois depuis 40 ans, et à entretenir le cycle de la pauvreté (pas de culture de nouveaux champs, hommes infirmes qui ne peuvent plus travailler, etc.). Et, toute cette tragédie n’est qu’une infime partie des horreurs de cette guerre sale.

On espère qu'aujourd’hui au moins les Américains viennent déminer le territoire ? No comment.

Si ça vous file la rage au ventre ou l’envie d’agir : MAG au Laos

 

 

28 novembre
On enfourche des bicyclettes, direction la plaine des Jarres. Sur notre chemin, les engins explosifs sous des formes nouvelles sont partout : déco dans les restaurants, supports pour le feu, couverts en métal d’obus, lampe à huile,… On oublie ces étranges récup’ dans les sourires et les « sabaidee » des enfants joyeux qui courent après nos pédales. Belle balade dans l’un des 50 sites de la plaine des Jarres. Ces jarres supposées être des urnes funéraires datent d’une période entre 500 av. JC et 200 ap. JC. Environ 2500 jarres sont éparpillées sur des centaines de km². En résulte un paysage surprenant dans le calme rassérénant de la campagne laotienne. Ici, à 1200m d’altitude, on est déjà loin des tropiques, la nature se dessine aride et vallonnée. Ca et là, des cratères ne laissent pas l’histoire s’oublier.

1er décembre

Lynn est restée à Vieng Xai et Dany nous quitte pour rejoindre la Thailande. Nous embarquons donc à 4 dans un bus qui nous escorte vers la sortie de ce pays plein de charmes et de cicatrices.  Vous l’avez compris, on ne prend pas un bus laotien impunément ! L'élu du jour change des bus aux larges sièges en tissu crasseux et nous propose d’étroits fauteuils en cuir dont la structure métallique est clouée au sol à distances variables. Les épaules écrasées l’une contre l’autre, les genoux enfoncés dans le siège avant, on se regarde en faisant la grimace « 11h comme ça ? ». Mais la cerise arrive sur le gâteau ! Avant de quitter la ville, on fait une dizaine d’arrêts chargeant moult sacs de toile, structures métalliques, morceaux de mobylettes, bombonnes de gaz, cartons,… C’est quoi cette odeur ? Cette odeur, c’est la nourriture des cochons, qui imprégnera durablement nos vêtements et cheveux ! C’en est trop pour Alex qui cherche désespérément une place pour ses longues jambes. Autour de nous, indifférents, les locaux s’endorment affalés les uns sur les autres. Mais après quelques heures de route chaotique, plusieurs d’entre-eux remettent leur repas dans des sacs en plastique. Ca va, ça va, nous on tient le coup ;-).

A l’approche de la frontière vietnamienne, on se regarde et on se pose des questions. C’est que les douaniers vietnamiens sont réputés être raquetteurs… Dans ce cas, obéir ou résister ? Mais après fouille de nos sacs, échanges de devises sur lesquels ils récupèrent probablement une bonne marge, les charmants passeurs nous accueillent dans leur beau pays. Retour sur la terre ferme, crevés mais entiers. A la recherche d’un casse-croute, on nous propose une viande qu’on ne reconnait pas… Duck ? No, dog ! Aaaaaaaaaaaaaaaaaah… A suivre : nos aventures au Vietnam ;-).

29 novembre
Et ça repart ! Le bus direction Sam Neua ferait belle figure...dans un musée. Poussif, il s’éreinte à gravir des routes à peine pentues. Il tousse, crache, sursaute, calle régulièrement puis redémarre péniblement. Les routes de montagne défoncées ne l’aident pas. Vitesse de pointe : 20 km/h… Pour enchérir un peu, on charge un max de passagers et de marchandises. Sur le toit, entre les rangées, sous et sur les passagers. Et quand y a plus de place, y en a encore ! A chaque pause, la descente/remontée dans le bus exige des qualités d’alpiniste. De temps à autre, une fumée épaisse s’échappe du moteur. Une odeur de plastique fondu traîne résolument dans l’air. Sans compter les gaz d’échappement qui nous noircissent le visage...
15h, heure d’arrivée annoncée à la gare routière. Le chauffeur désigne 18h sur sa montre, bon… Patients (!), nous attendons, sagement, tordus sur nos sièges, entre nos bagages et autres sacs de légumes. 17h, une borne indique 50 km-Sam Neua, chouette ! 19h30, bon… Et puis, alors qu'on allait croire au miracle, le bus, épuisé, surchargé, surchauffé, expire son dernier souffle et s’arrête au beau milieu d’une piste de terre. Vu l’odeur et la fumée, on s’extirpe aussi vite que possible de ce fourre-tout. Nous observons le chauffeur et ses acolytes qui tentent de redémarrer le bus avec des techniques approximatives. Ouvrir des caches, taper sur des câbles, pousser le bus vers l’avant, pousser le bus vers l’arrière. Tout ça dans la nuit noire. Nous tentons d’arrêter des voitures pour qu’elles nous emmènent, sans succès. Et puis, soudain, sans raison rationnelle, le bus repart ! Pierre, un acolyte de voyage de grande sagesse, dira : « à problème laotien, solution laotienne ».
20h, ouf on y est. 200 km, 12h de bus, faites le compte !

30 novembre
Une journée de trajet mouvementée, une petite soirée arrosée de Beerlao avec nos camarades de bus, réveil difficile ! Accompagnés de Pierre, Lynn, Korielle et Dany, nous louons un minibus pour aller visiter les fameuses grottes de Vieng Xay. Vous imaginez de superbes paysages de nature ? Oui, mais pas seulement. Ces grottes aménagées ont abrité le Pathet Lao (mouvement communiste) pendant la guerre, ainsi que la population locale. Visite prenante. Entre les commentaires de l’audio-guide sur fond de grondement aérien et d’explosions, et la réalité des lieux, on s’y croirait. En oubliant un peu le discours démago, on plonge dans l’histoire imaginant la vie dans ces dédales souterrains : récolter à manger entre deux salves de bombes, s’enfermer dans la pièce de secours munie d’un extracteur de gaz, et pour les combattants férus d’idées communistes : écrire l’histoire de ce que deviendra ce petit pays après avoir gagné la guerre.

Au retour, la route laotienne, toujours pleine de surprises, ne nous déçoit pas. Notre minibus décide de remorquer un taxi à la mode locale. Sur la route, on croise 2 camions coincés côte à côte. Et miracle bien d'ici, on passe !

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