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Après le froid andin et les mystères incas, les crachats chinois et la sérénité laotienne, nous voici en Afrique et plus précisément au Sénégal. Troisième continent et dixième pays de notre périple. Toujours avides de découvertes, nous essayons de nous plonger au cœur de cette nouvelle réalité bien différente de nos destinations précédentes. Le cosmosien a toujours de quoi s’étonner. Le voyage nous l’a démontré à maintes reprises. Cependant, cet étonnement est polymorphe et variable. Il peut surgir à tout instant et parfois de façon inattendue.

 

Arriver à Dakar en provenance de Dubaï est une expérience étrange. Il est par exemple surprenant de voir les différences entre deux aéroports internationaux. Voyage dans le temps et l'espace. Modernité à outrance d'un côté, retour aux années 60 de l'autre. Il est cependant bon de signaler que cette fameuse modernité, signe de progrès et d'économie florissante n'est en rien gage d'une meilleure efficacité et d'un meilleur service. Les cosmosiens que nous sommes se sont d'ailleurs étonnés que les seuls problèmes que nous ayons connus en matière de transports se soient produits au Canada et à Dubaï. Au pays des caribous, la fameuse et légale politique d'overbooking nous a fait perdre deux jours. Au pays du plus grand feu d'artifice du monde, le métro haute technologie, sans conducteur, nous a fait perdre six heures le soir du nouvel an. Aucune aventure de ce genre ne nous est arrivée dans les pays dits en voie de développement. C'est un aspect du voyage qui mériterait un article à lui seul. Peut-être plus tard mais, en attendant, revenons à notre séjour au pays des baobabs.

 

Nous savions avant d'arriver que nous devrions faire face à une grande pauvreté. Nous pensions y être préparés grâce, entre autres, à notre récente mais solide expérience de voyageurs. Cependant, la réalité des conditions de vie de la population locale nous marquera durablement. La notion de survie prend ici tout son sens. Un système corrompu et défaillant. Un pillage des ressources, rares mais précieuses. Un certain fatalisme de la population. Autant d'éléments permettant d’expliquer une triste réalité qui met mal à l'aise les occidentaux que nous sommes. Et pourtant, leçon de vie. Le sourire des gens semble gravé sur leurs visages. Ne rien avoir ne veut pas pour autant dire être malheureux. Nous apprenons donc la relativité du mot « posséder ».

 

Malheureusement, il se trouve toujours des gens prêts à profiter de cette triste situation. Nous apprenons par exemple que les nombreux enfants qui mendient dans les rues le font sur ordre de leur marabout. Théoriquement, pour payer les cours auxquels ces enfants participent. Cependant, au vu de leur présence dans les rues à toute heure, on peut se demander quand ils y assistent à ces fameux cours. Cela donne d'ailleurs lieu à des scènes affligeantes comme ces trois personnes lançant une et une seule pièce au milieu de trois enfants et rigolant de la dispute qui s'ensuit. Les rues de la ville seraient-elles un zoo dans lequel les enfants feraient office d'animaux étranges au dépend desquels le nanti, blanc ou noir, peut rigoler ? Je parlais de malaise un peu plus haut...

 

 

 

Le Cosmosien s'étonne... en Afrique !

Saly. Station balnéaire bien connue des retraités, principalement français. Couples mixtes. Lui, français, soixantaine bien tapée. Elle, sénégalaise, entre vingt et trente ans. Ah, l'amour n'a pas d'âge. On peut se poser la question de savoir qui profite de qui. Bien entendu, et comme partout, des exceptions existent mais de discuter avec les gens rencontrés elles sont assez rares. Saly toujours. Un supermarché. Pour blancs. Anne et moi faisant nos courses. De nombreuses dames blanches. S'adonnant à la même activité que nous. Accompagnées de petites dames noires. Les courses semblent trop lourdes à porter pour ces blanches petites vieilles. Il n'y a pas que l'aéroport qui nous replonge dans les années soixante voire cinquante... Réminiscences douteuses d'un temps où les rapports entre blancs et noirs obéissaient à certaines règles que nous pensions sinon révolues, au moins en passe de l'être.

 

Plus de légèreté avec différentes anecdotes. Nous avons appris qu'il n'était pas toujours évident de dormir avec un mouton comme voisin. Non, ce que nous avons réellement appris, c'est qu'un mouton n'a pas les mêmes habitudes de sommeil que nous. Ses horaires sont variables et l'intensité de ses cris ne connait pas spécialement de repos. Ils sont d'une régularité exemplaire entre dix heure du soir et quatre heure du matin. On s'y habitue mais l'envie d'une tajine peut se faire grandissante.

 

Stratégie commerciale un peu bancale. Les sénégalais rencontrés dans les différentes échoppes se demandent souvent si nous sommes français. Après leur avoir dit que nous étions belges, ils se réjouissent. Et, presque invariablement, ils finissent par nous expliquer qu'un membre de leur famille habite en Belgique et que c'est un beau pays. J'avoue que la première fois je me suis dit « tiens, quel heureux hasard ». La cinquantième fois, plus.

 

Au niveau gastronomique, les plats locaux tels le poulet yassa (sauce citronnée à l'oignon) ou le mafé au poulet (sauce à base d'arachide) sont délicieux. Nous avons également gouté au jus de Bissap (concocté avec des fleurs d'hibiscus) et c'est très bon bien que peut-être trop sucré. Par contre, nous déconseillons vivement aux gens de visiter les marchés s'ils n'ont pas l'estomac correctement accroché. Il est parfois rude d'y déambuler car les odeurs et l'hygiène des étals sont parfois un peu dur à supporter. Cependant, cela donne lieu à de chouettes découvertes car nous avons entre autres pu assister au dépeçage d'un poulpe. A même le sable pour éviter que l'animal (mort, rassurez-vous) ne glisse entre les mains expertes des pêcheurs. Mais bon, il est évident que tout le monde n'aimerait pas assister à ce genre de spectacle.

 

Il est malheureusement déjà temps de quitter le Sénégal mais il nous semble évident que nous y reviendrons. Nous avons observé ce pays, effleuré ce continent mais l'Afrique noire nous échappe. Livrés à nos interrogations et à notre perplexité, nous méditons déjà un retour prochain, avec d’autres perceptions, sous une autre forme… Inch Allah.

 

 

 

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